Le cadre juridique et procédural de l’acquisition par voie d’enchères

L’acquisition d’un bien immobilier par la voie des enchères publiques judiciaires constitue une procédure strictement encadrée par le droit français, requérant le respect de formalités substantielles et l’intervention obligatoire d’auxiliaires de justice qualifiés. Cette modalité d’acquisition, régie par les dispositions du Code de procédure civile et du Code des procédures civiles d’exécution, présente des spécificités procédurales distinctes des ventes immobilières de droit commun.

 

La représentation obligatoire par avocat et constitution du mandat

La participation aux enchères publiques judiciaires impose impérativement la constitution d’un avocat inscrit au barreau du ressort territorial où s’effectue la vente. Cette représentation obligatoire découle de l’article 1272 du Code de procédure civile, qui dispose que les enchères sont portées exclusivement par un avocat dûment mandaté. L’avocat choisi établit un mandat de représentation, document contractuel précisant les modalités de sa mission et l’enchère maximale autorisée par son mandant.

Cette exigence de représentation professionnelle garantit la régularité procédurale et assure le respect des règles déontologiques applicables aux ventes judiciaires. L’avocat assume une mission de conseil et d’accompagnement lors de la procédure d’acquisition, depuis la phase préparatoire jusqu’à la finalisation de l’adjudication.

 

Les obligations documentaires et justificatives préalables

L’engagement dans une procédure d’enchères publiques nécessite la production d’un corpus documentaire substantiel, destiné à établir l’identité, la capacité juridique et la solvabilité du candidat acquéreur. Ces documents comprennent obligatoirement :

  • Les justificatifs d’identité et de capacité juridique incluent la copie certifiée conforme de la carte nationale d’identité ou du passeport en cours de validité.
  • Pour les acquisitions effectuées par des personnes morales, un extrait Kbis datant de moins de trois mois atteste de l’existence légale et de la capacité d’agir de la société.
  • Les personnes mariées doivent produire une copie du livret de famille ou de l’acte de mariage, conformément aux dispositions relatives aux régimes matrimoniaux
  • Un justificatif de domicile récent établit la résidence habituelle du candidat acquéreur.
  • Conformément au décret n°2019-488 du 22 mai 2019, une attestation sur l’honneur certifie l’absence de condamnation pénale interdisant l’acquisition de biens immobiliers.

 

La garantie financière et consignation obligatoire

La participation aux enchères impose la constitution préalable d’une garantie financière sous forme de chèque de banque, représentant dix pour cent de la mise à prix avec un minimum incompressible de trois mille euros. Ce chèque, établi à l’ordre de Monsieur ou de Madame Le Bâtonnier de l’ordre des avocats de Marseille pour les enchères organisées par le Tribunal Judiciaire de Marseille, constitue une caution bancaire irrévocable garantissant la sincérité de l’engagement.

Cette garantie financière, remise contre récépissé avant le début des enchères, est immédiatement restituée aux enchérisseurs non adjudicataires à l’issue de l’audience. Pour l’adjudicataire, elle constitue un acompte sur le prix d’acquisition définitif.

 

Les modalités de déroulement de l’audience d’adjudication

L’audience de vente se déroule dans l’enceinte du Tribunal Judiciaire, devant le Juge de l’exécution, selon une procédure formalisée respectant des délais précis. Les enchères successives s’effectuent généralement par paliers minimum de mille euros (1.000 €), avec un décompte de 90 secondes entre chaque enchère, qui auparavant s’effectuait à la bougie. Le décompte temporel s’effectue par tout moyen visuel ou sonore signalant publiquement l’écoulement du temps.

L’adjudication est prononcée au profit de l’avocat ayant porté l’enchère la plus élevée, qui dépose immédiatement une déclaration d’adjudication révélant l’identité de son mandant. Cette procédure garantit la transparence tout en préservant la confidentialité des stratégies d’enchères jusqu’à la proclamation des résultats.

Selon les articles R. 322-39 à R. 322-72 du Code des procédures civiles d’exécution, applicables par renvoi de l’article 1278 du Code de procédure civile, la procédure d’adjudication respecte des standards stricts de régularité et de publicité.

 

La période de surenchère et consolidation de l’adjudication

L’adjudication prononcée demeure provisoire pendant un délai de dix jours ouvrés, durant lequel toute personne peut exercer un droit de surenchère par l’intermédiaire d’un avocat. Cette surenchère, qui majore automatiquement la mise à prix de dix pour cent par rapport au prix de la première vente, entraîne l’organisation d’une nouvelle audience d’adjudication.

En l’absence de surenchère dans le délai légal, l’adjudication devient définitive et irrévocable. Cette période constitue une garantie d’optimisation du prix de vente, permettant de révéler la valeur réelle du bien sur le marché judiciaire.

 

Les obligations post-adjudication et transfert de propriété

L’adjudicataire devient immédiatement propriétaire du bien, malgré l’existence du délai de surenchère. Cette acquisition immédiate de la propriété emporte obligation d’assurance sans délai, l’adjudicataire supportant tous les risques liés au bien dès la proclamation de l’adjudication.

Les obligations financières post-adjudication comprennent le règlement des frais préalables et postérieurs dans un délai d’un mois à compter de l’adjudication définitive. Ces frais incluent l’ensemble des coûts exposés pour parvenir à la vente (actes d’huissier, diagnostics techniques, publicités) ainsi que les droits de mutation variant selon le statut fiscal choisi.

Le prix de vente principal doit être acquitté dans un délai de deux mois à compter de l’adjudication définitive. Au-delà de ce délai, le prix est majoré d’intérêts légaux, eux-mêmes majorés de cinq points au-delà de quatre mois de retard.

 

Les formalités de publication et intervention notariale

Une fois la vente devenue définitive, l’avocat accomplit toutes diligences nécessaires à la publication du titre de propriété constitué par le jugement d’adjudication. Cette procédure de publicité foncière, distincte de l’intervention notariale traditionnelle, assure l’opposabilité du transfert de propriété aux tiers.

Contrairement aux ventes immobilières amiables, les adjudications judiciaires s’effectuent sans intervention notariale, l’authenticité de l’acte résultant directement du jugement d’adjudication prononcé par l’autorité judiciaire compétente.

Cette procédure, bien qu’apparaissant complexe, offre des garanties juridiques substantielles tant pour l’acquéreur que pour les créanciers, dans le respect des principes fondamentaux du droit immobilier français et des exigences de sécurité juridique inhérentes aux transactions immobilières.

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